mercredi 28 février 2018

Syrieleaks : Suites, propagande et dividendes… Par Richard Labévière / Syrieleaks: consequences, propaganda and dividends … By Richard Labévière

source : https://www.les-crises.fr/syrieleaks-suites-propagande-et-dividendes-par-richard-labeviere/

L’envers des cartes

Beyrouth, 26 février 2018.
A la demande de plusieurs lecteurs et auditeurs, nous revenons sur notre « information exclusive » de la semaine dernière (19 février 2018), publiée par prochetmoyen-orient.ch (numéro 166) : « Syrieleaks : un câble diplomatique britannique dévoile la stratégie occidentale ».
C’est le légendaire Pierre Lazareff qui disait que « pour un journaliste, sortir une exclusivité est toujours une épreuve, sinon une douleur ». Et le patron de France-Soir ne connaissait pas encore les réseaux numériques (abusivement nommés « réseaux sociaux »), les Fake News et les futures lois sur les Fake News
Il y a d’abord ceux qui vous somment d’exhiber le document sur le champ. Il y a aussi ceux qui vous disent que « les médias sérieux n’en parlent pas ». Il y a encore ceux qui vous demandent très tranquillement de dévoiler vos sources. Enfin, d’autres s’étonnent de « votre discrétion sur la toile », ne comprenant pas qu’on puisse vivre sans relater immédiatement faits, gestes, émotions sur les réseaux numériques !
Les mêmes ne peuvent imaginer qu’on ne dispose d’aucun compte face ou tweet ou autre, ni qu’on ait passé l’âge de se précipiter sur les plateaux des télévisions de l’immédiateté et de l’émotion en continu, aux côtés d’experts auto-proclamés de telle ou telle spécialité… En réalité, que s’est-il réellement passé ?
EPISTEMOLOGIE D’UN SCOOP
Daté du 12 janvier 2018, le télégramme diplomatique britannique (TD) – signé par Benjamin Norman (qui suit les dossiers du Proche-Orient à l’ambassade de Grande Bretagne à Washington) – a beaucoup circulé dans les coulisses de la Wehrkunde, la dernière Conférence sur la sécurité de Munich (du 16 au 18 février derniers). Pourquoi ? Parce que ce document – assez exceptionnel – révèle le contenu d’une réunion (du « Petit Groupe sur la Syrie », réunissant des diplomates de hauts rangs des Etats-Unis, de Grande Bretagne, de France, d’Arabie saoudite et de Jordanie), qui aurait dû rester strictement confidentiel.
Pourquoi ? Parce qu’elle révèle, par le menu, la « stratégie occidentale » concernant la guerre en Syrie : nourrir et multiplier les hostilités par tous les moyens pour empêcher une Pax Russiana ; poursuivre une intense campagne de communication sur les bombardements russes et syriens qui tuent des civils ; cadrer le représentant spécial des Nations unies pour la Syrie – Staffan de Mistura – par une feuille de route contraignante ; saboter la conférence de paix de Sotchi pour revenir à Genève dans un format tripartite : opposition syrienne, gouvernement syrien et Forces démocratiques syriennes (FDS – principalement constituées de supplétifs kurdes aux ordres du Pentagone).
En filigrane, le TD britannique décrivait les deux objectifs politiques principaux visés : saboter la conférence de Sotchi et préparer la même campagne de propagande massive qui accompagna la libération d’Alep en décembre 2016, destinée à ponctuer la reconquête, certes dévastatrice, par l’armée gouvernementale syrienne de la Ghouta orientale (banlieue de Damas) aux mains de différents groupes terroristes. A la lecture du document, on comprend que cette stratégie occidentale opte pour « une guerre sans fin » en Syrie, tout en dénonçant auprès de l’opinion publique internationale une nouvelle « catastrophe humanitaire ». En conclusion, le TD se félicite du leadership américain, exercé pour la mise en œuvre effective et la médiatisation – la plus large possible – de cette stratégie.
Voulant d’abord protéger sa source, prochetmoyen-orient.ch a choisi de ne pas publier la totalité du TD pour transmettre son fac-similé à ses amis de la rédaction de L’Humanité-Dimanche, afin d’en publier des extraits le jeudi 22 février. Toujours dans les coulisses de la réunion de Munich, un autre fac-similé a été transmis à plusieurs journalistes arabes. C’est ainsi que le quotidien Al-Akhbar de Beyrouth, en a fait sa une du même jeudi de février, reproduisant de larges extraits du document dans un dossier spécial de plusieurs pages. A l’exception de la presse française, ces deux titres ont été largement repris par des médias du monde entier…
Précision d’importance : toujours à Munich, le document en question avait fait l’objet d’une scrupuleuse authentification par deux experts de services européens de renseignement, ainsi que par le chef des forces de sécurité de l’un des pays arabes participant à la réunion bavaroise ! Voilà pour les mal-pensants, les imprécateurs des Fake News, des complots globaux, conspirations et nouvelles cuisines.
L’OPTION D’UNE GUERRE SANS FIN
Plus sérieusement, ce TD était parfaitement annonciateur de ce qui s’est passé par la suite et de ce qui se déroule encore actuellement sur le plan opérationnel en Syrie : ajouter de nouvelles guerres à la guerre en cours. Depuis plusieurs années, prochetmoyen-orient.ch qualifie le conflit syrien de « guerre civilo-globale », en précisant qu’il fait interagir quatre principales dynamiques : 1) Etats-Unis contre Russie ; 2) Arabie saoudite contre Iran ; 3) Turquie contre Kurdes ; 4) enfin, jihadistes globaux (Al-Qaïda) contre jihadistes locaux (Dae’ch, notamment).
Sur le plan opérationnel, les révélations du TD de Benjamin Norman se sont avérées parfaitement pertinentes. En annonçant la formation d’un corps de supplétifs de 30 000 combattants (quelques jours avant le sommet de Sotchi), le Pentagone appuyait délibérément sur le bouton rouge d’une nouvelle intervention militaire turque. Non seulement Washington donnait implicitement son feu vert à Ankara, mais en prime, les stratèges américains créaient une indémêlable zizanie entre factions kurdes pour consolider leurs alliés des FDS, dont ils entendent imposer la présence à Genève…
Autrement préoccupante, est la cinquième et nouvelle dimension de cette « guerre civilo-globale », à savoir l’extension et l’officialisation d’une ingérence israélienne massive. A Munich toujours, Benjamin Nétanyahou a brandi, à la tribune officielle de la conférence, un morceau de tôle en affirmant qu’il s’agissait du débris d’un drone iranien abattu dans l’espace aérien israélien. Ce numéro lui a permis de menacer l’Iran, martelant encore et encore que ses « forces du mal » cherchaient à s’installer durablement aux frontières de l’Etat hébreu et que cette éventualité justifiait désormais des actions militaires « préventives ».
Cela dit, Tel-Aviv était surtout furieux d’avoir eu l’un de ses avions de chasse abattu en Syrie par un missile de l’armée gouvernementale. Toujours est-il – cela fait longtemps et chaque jour que Dieu fait – que l’on voit chasseurs et bateaux de guerre israéliens violer « préventivement » les espaces aériens et maritimes libanais, sans que cette réalité n’émeuve beaucoup la « communauté internationale », à commencer par les Etats-Unis et leurs alliés européens… Sur cette menace récurrente, on ne saurait que conseiller la lecture ou la relecture du livre magistral du politologue franco-libanais Frédéric Domont et de son coauteur, Walid Charara : Le Hezbollah, un mouvement islamo-nationaliste.
En définitive, aux quatre dynamiques de la « guerre civilo-globale » de Syrie, s’en ajoute désormais une cinquième – celles des ingérences militaires israéliennes -, au moment même où Donald Trump annonce la mise en chantier de « Mini-Nucs », des armes nucléaires de théâtre ! Cette annonce est doublement préoccupante : parce qu’elle rompt avec la doctrine nucléaire classique de dissuasion qui repose sur l’existence d’« armes de non – emploi » ; dans un contexte qui voit le rapprochement, non seulement des Etats-Unis et d’Israël, mais aussi de l’Arabie saoudite, trois des acteurs de la « guerre civilo-globale » qui veulent en découdre avec Téhéran !
BOMBARDEMENTS, MENSONGES ET VIDEO
Pendant ce temps, en ville et dans nos étranges lucarnes, on assiste au même déferlement propagandiste qui a prévalu lors de la libération d’Alep durant le dernier semestre 2016. A ce sujet, le dernier livre de Maria Khodynskaya-Golenishcheva déconstruit très précisément les logiques de communication et de propagande mises alors en œuvre par les médias américains et occidentaux. Aujourd’hui, pour la Ghouta, la même machinerie est en action, à l’identique.
Par contre, pas un mot sur les dizaines d’obus de mortier (tirés par les terroristes de la Ghouta) qui s’abattent quotidiennement sur la place des Abbassides (nord-est de Damas), ni sur les quartiers chrétiens (comme par hasard) – Bab Touma et Bab Cherki – du centre-ville. Au moment où nous mettons sous presse, on dénombre plus d’une centaine de victimes et de nombreux blessés, mais ces morts-là n’intéressent pas la presse occidentale !
Personne ne peut nier la violence et l’horreur des opérations qui se déroulent actuellement dans la Ghouta orientale et d’autres banlieues de Damas où les groupes jihadistes utilisent les populations civiles comme boucliers humains sous les bombardements du régime. Le quotidien français Libérationcite complaisamment un ancien ambassadeur de France à Damas – Michel Duclos – qui semble découvrir que « les Russes et le régime de Bachar al-Assad semblent déterminer à récupérer tout le territoire syrien, comme ils l’ont souvent répété ». Toute proportion gardée bien entendu, les Syriens qui vivent dans leur pays seraient ils légitimes s’ils condamnaient les autorités françaises cherchant à reprendre le contrôle de la ZAD de Notre Dame des Landes, ou à remettre les nationalistes corses au pas? La question que l’on doit toujours se poser dans les guerres civiles, les plus atroces des guerres : qui sont les vrais sauvages ? On ne saurait que conseiller la relecture de Montaigne à cet égard !
Durant la bataille d’Alep, la presse occidentale pleurait à chaudes larmes sur une « ville martyr » et « assiégée » alors que dans le même temps elle parlait de la « libération » de Mossoul… Quoi de plus logique de voir l’armée gouvernementale d’un Etat-nation chercher à reprendre le contrôle de la totalité de son territoire dans l’exhaustivité de ses frontières historiques ? Et, de grâce, qu’on ne vienne pas essayer de faire passer les terroristes de Jabhat al-Nosra, et d’autres groupes armés – soutenus par l’Occident, les pays du Golfe et Israël – pour des « combattants de la liberté » !
Maria Khodynskaya l’explique très précisément dans son livre déjà cité : depuis plusieurs années les diplomates russes demandent à leurs homologues américains et européens la liste des groupes « armés » dits « modérés, laïcs et démocratiques ». Sans surprise, cette liste n’a jamais pu être produite, alors qu’actuellement les forces spéciales américaines recyclent des terroristes de Dae’ch dans de nouvelles unités des… FDS et d’autres factions armées destinées à poursuivre la lutte contre « le régime de Bachar al-Assad ».
Aucune surprise ! Les services américains sont coutumiers du fait. Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, ils ont recyclé nombre d’anciens nervis de la Gestapo dans leurs unités spéciales, bras armés de la Guerre froide. Ils ont employé nombre de nazis au service des dictatures latino-américaines – dans la cadre du Plan Condor, au Chili, en Argentine, au Brésil ou à Panama -, et d’autres tueurs professionnels, les « Contras » pour anéantir la révolution sandiniste à partir de la fin des années 1970. On pourrait multiplier des exemples plus récents en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Ukraine…
Comment les Américains osent-ils, encore aujourd’hui, donner des leçons de « guerres propres », comme si une telle fantasmagorie pouvait exister… En attendant un rendez-vous à Sodeco, sur la Ligne verte du Beyrouth de la guerre civile (1975 – 1989), je scrute de belles maisons ottomanes dont murs, colonnes et voûtes sont encore perforées d’impacts de balles et de tirs de mortiers. Relisant Jules Roy – il faut relire Jules Roy sur l’Indochine, la guerre d’Algérie et d’autres malheurs du monde – je retrouve ce passage où l’écrivain évoque une conversation avec un avocat des Forces libanaises : « si je lui avouais qu’à l’époque nous ne nous posions même pas de questions, moi du moins, qui ne suis pourtant pas insensible. Aller jeter des bombes au phosphore et des bombes explosives sur des villes allemandes pour tout incendier et tout raser nous semblait dans le cadre de notre mission. Pas le choix : question de vie ou de mort, seul moyen de reculer l’heure où l’Allemagne emploierait les armes secrètes qu’elle n’était pas loin de mettre au point. Peut-être aurait-il été plus efficace d’anéantir les usines où l’on assemblait les ogives et les moteurs des fusées, mais quel plus sûr moyen d’écraser le moral de l’adversaire : bousiller civils, femmes et enfants ? Non, non, je n’ai jamais hésité. Sur mon carnet de vol, on ne trouve pas Dresde, mais Duisbourg, Hambourg, Stuttgart, Coblence, Cologne deux fois, sans compter les usines d’essence synthétique ou de roulements à billes de la Ruhr, le train-train habituel, le dieu Moloch qui dévore les équipages. Je réponds simplement que je n’avais pas beaucoup de scrupules en ce temps-là ».
Notre époque sans mémoire aurait-elle oublié les guerres que nos démocraties ont mené, comment elles les ont menées et avec quelles conséquences ? Depuis la fin de la Guerre froide, la nature de la guerre a foncièrement changé, surtout avec « la guerre contre le terrorisme », déclarée par Georges W. Bush dès le lendemain des attentats du 11 septembre 2001, une « guerre » qui n’a pas encore dit toutes ses ruses. Mais, après la disparition du bloc de l’Est, il fallait impérativement reconstruire un ennemi étatique d’envergure qui puisse garantir la reproduction du complexe militaro-industiel, en garantir les millions d’emplois et les juteux dividendes.
Dans cette perspective, une poignée de main effective entre Donald Trump et Vladimir Poutine eût été catastrophique, les bourses occidentales étant littéralement tétanisées par une telle perspective, d’où le feuilleton sans fin de l’ingérence russe dans les élections américaines et les systèmes médiatiques européens. Dès 2012, Alain Joxe nous expliquait que l’objectif des nouvelles guerres américaines – et par extension occidentales – ne visait plus la victoire sur le terrain, le contrôle du territoire et des populations, mais bien la production, l’exportation et la généralisation de nouvelles armes, de nouveaux logiciels de cyberguerres, faisant basculer les rapports de force jusqu’à leur numérisation totale.
La mondialisation contemporaine a instauré la « guerre de tous contre tous », et par tous les moyens possibles afin de produire de nouveaux outils d’accumulation du capital. Dans la droite ligne de cette logique mortifère s’est imposé le continuum nécessaire entre la guerre, la propagande et le profit. Le TD de Benjamin Norman nous annonce « une guerre sans fin » en Syrie et plus largement aux Proche et Moyen-Orient, illustrant à la perfection le constat édifiant de Cecil Rhodes : « l’argent, c’est le sang des autres… »
Bonne lecture et à la semaine prochaine.
Richard Labévière
P.J. Un article avec le télégramme en question…

source : https://www.les-crises.fr/syrieleaks-suites-propagande-et-dividendes-par-richard-labeviere/


.... encore un autre point de vue, celui de RT  



samedi 24 février 2018

[Qu'est-ce qu'un fonds vautour ?] Court-métrage du CADTM "Au Festin des Rapaces" + pétition contre les fonds vautours / [ What a fund vulture?] short film of the CADTM " In the Feast of Birds of prey " + petition against funds vultures

Film


21 février par CADTM Belgique
Le CADTM est fier de mettre aujourd’hui à votre disposition le film Au Festin des Rapaces, réalisé par Dimitri Tuttle et produit par le CADTM, Théâtre Croquemitaine et l’asbl Chemins de Traverse. Nous vous convions le 28 février à une projection publique suivie d’une conférence-débat à Bruxelles.
Le 7 mars se tiendra l’audience de la Cour constitutionnelle de Belgique qui décidera de l’avenir de la loi belge contre les fonds vautoursUn appel à la mobilisation est lancé !

SOUTENEZ LE FILM « AU FESTIN DES RAPACES »

L’équipe des chasseurs et chasseuses de (fonds) vautours a besoin de vous ! Il manque 2000 euros au budget du court-métrage “Au festin des rapaces” pour les frais de l’ASBL Chemins de traverse qui a pris en charge la post-production (montage, étalonnage et mixage). Un budget de 6000 euros a déjà été consacré par le CADTM, le Théâtre Croquemitaine et les différentes associations partenaires. Mais ce budget a été épuisé par des frais plus importants que prévus et pour rémunérer les professionnel.les qui ont mis leur talent à contribution lors du tournage. Chemins de traverse a alors décidé de finir le film à ses frais, pour éviter d’attendre trop longtemps une nouvelle levée de fonds et risquer que le film ne soit pas prêt pour la date de l’audience devant la Cour constitutionnelle. Aujourd’hui, Chemins de traverse fait appel à vos dons.
Soutenez “Au festin des rapaces”, un outil clé pour faire vivre la campagne contre les fonds vautours, et prouvez que la solidarité du grand nombre l’emporte sur l’avidité de quelques uns.

source http://www.cadtm.org/Au-Festin-des-Rapaces,15858


pétition contre les fonds vautours sur : 


http://www.cadtm.org/Petition-pour-defendre-et


jeudi 22 février 2018

Grégory Mutombo - les clés du bonheur / Grégory Mutombo - the keys of the happiness

Selon Gregory Mutombo, notre existence ici et maintenant peut paraître difficile, chaotique, confrontante non pas parce que la vie est dure mais parce que la résistance à nous aimer est forte.

Une grille d'analyse dénonçant la relation triangulaire victime-bourreau-sauveur,  version esprit incarné dans la matière. A voir, à écouter, à (res)sentir. 






dimanche 11 février 2018

INTERVIEW – Dominique Vidal : confondre antisionisme et antisémitisme est une « erreur majeure » / INTERVIEW - Dominique Vidal: to confuse antiZionism and anti-Semitism is a " major error "

Dans son dernier ouvrage, le journaliste et historien français s’adresse directement à Emmanuel Macron qui, à l’occasion des commémorations de la rafle du Vél d’Hiv en juillet 2017, avait défini l’antisionisme comme « la forme réinventée de l’antisémitisme »
Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou tiennent une conférence de presse conjointe le dimanche 16 juillet 2017 à l'occasion des commémorations du 75e anniversaire de la rafle du Vél d’Hiv, à Paris (AFP)
Roxanne D'Arco's picture
7 février 2018
Dernière mise à jour : 
08 février 2018
C’était un jour de mémoire en France. Le 16 juillet 2017, Emmanuel Macron fait un discours à l’occasion des commémorations de la rafle du Vél d’Hiv, en région parisienne. Au détour d’une phrase, le président de la République lâche soudain : « Nous ne cèderons rien à l’antisionisme car il est la forme réinventée de l’antisémitisme ».
Il n’en fallait pas plus pour que Dominique Vidal, journaliste et historien, réplique avec un nouvel ouvrage, Antisionisme = antisémitisme ? Réponse à Emmanuel Macron, qui vient de paraître aux éditions Libertalia.
Pourrait-on condamner l’antisionisme un jour en France ? Que signifie cet amalgame ? Est-il spécifique à la France ? Et quel impact sur la liberté d’expression ? L’auteur répond aux questions de Middle East Eye.
Middle East Eye : On comprend bien que c’est la déclaration d’Emmanuel Macron, qui confond antisionisme et antisémitisme lors des commémorations du 75e anniversaire de la rafle du Vél d’Hiv, d’ailleurs en présence de Benyamin Netanyahou, qui vous a poussé à écrire Antisionisme = antisémitisme ? Réponse à Emmanuel Macron. Qu’est-ce qui vous a indiqué qu’un livre était justement la meilleure réponse à apporter ?
Dominique Vidal : J’étais déjà surpris, la veille, le 15 juillet 2017, d’apprendre que Benyamin Netanyahou avait été invité. C’est quand même la première fois qu’un Premier ministre israélien est convié à la commémoration de la rafle du Vél d’Hiv. C’était déjà étrange…  J’étais donc d’autant plus attentif et j’ai écouté en direct tous les discours, dont celui d’Emmanuel Macron, que j’ai trouvé excellent. C’était pédagogique et remarquable.
On pourrait le considérer dans le prolongement du discours de Chirac [le premier président français à reconnaître la responsabilité du pays dans la rafle du Vél d’Hiv, en 1995] qui tenait en deux phrases [« (…) ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français »]. Alors que là, Macron expliquait pourquoi la France était responsable de la déportation et du génocide des juifs qui vivaient alors en France. D’ailleurs, on dit souvent des juifs français, mais il y a avait beaucoup d’étrangers. La majorité des 75 000 juifs de France déportés, c’était des juifs étrangers.
On ne peut laisser traîner l’idée que le délit d’opinion pourrait être instauré en France. Ce serait contraire à la Constitution, à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et à toutes les lois, y compris européennes
Donc j’étais très content de suivre ce discours. Et à la fin, j’entends cette phrase : « Nous ne cèderons rien à l’antisionisme car il est la forme réinventée de l’antisémitisme ». Je me dis que j’ai mal entendu et me précipite sur les sources officielles. Je vois que la phrase existe, que donc l’antisionisme est une forme réinventée d’antisémitisme !
J’ai donc décidé le soir-même d’écrire un livre. Dans cette phrase de Macron, il y a, d’une part, une erreur historique majeure sur les rapports entre les juifs et le sionisme, et d’autre part, une faute politique, qui consiste à ouvrir la voie à un délit d’opinion, qui n’existe plus en France depuis la guerre d’Algérie [entre 1954 et 1962]. Je me souviens encore des journaux de l’époque avec les espaces blancs, parce que la censure faisait disparaître des articles !
On ne peut laisser traîner l’idée que le délit d’opinion pourrait être instauré en France. Ce serait contraire à la Constitution, à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et à toutes les lois, y compris européennes. On est dans quelque chose d’absurde historiquement et politiquement.
Middle East Eye : Le sionisme était-il majoritaire à ses débuts auprès des communautés juives de par le monde ?
DV : Dans différentes périodes, à des degrés divers, le sionisme a été une idéologie marginale parmi les juifs. C’est un point étonnant pour beaucoup de monde. Visiblement, le président de la République ne sait pas qu’entre 1897, date du premier congrès sioniste mondial, et 1939, l’immense majorité des juifs, soit 90 à 95 % des juifs du monde entier, ne veulent pas du projet de Théodore Herzl [journaliste et écrivain austro-hongrois considéré comme « le père du sionisme »].
Dans différentes périodes, à des degrés divers, le sionisme a été une idéologie marginale parmi les juifs
Le projet des communistes juifs, c’est la révolution. On a vu ensuite que c’était plus compliqué… Le projet des bundistes [de l’Union générale des travailleurs juifs, présente dans l’Empire russe], c’est l’autonomie culturelle des juifs là où ils vivent, et c’était surtout à l’est.
À l’ouest, le problème ne se posait quasiment plus dans ces termes. On avait une émancipation qui avançait. Et puis, il y a avait des juifs orthodoxes, donc religieux, pour qui l’établissement d’un État juif, où que ce soit, était un blasphème. Pour eux, il ne pouvait y avoir un État juif que le jour où le messie viendrait.
MEE : Le génocide aurait donc changé la donne pour le sionisme ?
DV : Il y a le génocide, et je dirais surtout l’après-génocide. Des centaines de milliers de survivants se retrouvent dans l’impossibilité de rentrer chez eux. Il y a des pogroms en Pologne. Le retour est très difficile à imaginer.
Des soldats soviétiques sont photographiés près de prisonniers juifs en Pologne après leur libération d'un camp de la mort nazi (Getty Images)
Ils veulent tous aller aux États-Unis mais il n’y a plus de visas depuis la loi Johnson-Reed de 1924 [qui autorise l’entrée aux États-Unis d’un contingent égal à 2 % seulement de la population de chaque groupe ethnique recensé en 1890], donc une bonne partie d’entre eux part en Palestine. D’abord illégalement, puis légalement après la proclamation d’Israël en mai 1948.
Aujourd’hui, la majorité des juifs continue à ne pas vivre en Israël. Faut-il les qualifier d’antisionistes et donc d’antisémites ?
Mais lorsqu’on fait les comptes, la plupart des migrations ne sont pas des choix sionistes, elles sont obligées, par exemple pour les juifs des pays arabes. Aujourd’hui, la majorité des juifs continue à ne pas vivre en Israël. Faut-il les qualifier d’antisionistes et donc d’antisémites ? Des millions de juifs seraient antisémites par refus du projet sioniste ? Ça n’a strictement aucun sens historiquement ! Emmanuel Macron s’est pris les pieds dans le tapis.
MEE : Pourquoi avez-vous tenu à développer ces points dans votre livre ?
DV : Cette partie est importante parce qu’elle montre pourquoi certaines aberrations et certains dérapages idéologiques peuvent amener à nier la réalité de l’Histoire. Le fait que le sionisme est minoritaire ne le condamne pas. C’est un point de vue qui se défend. Je ne le partage pas, d’autant moins que je suis d’origine juive, que mon père était à Auschwitz et que je ne pense pas pour autant – ni lui d’ailleurs – qu’on doive quitter la France pour aller vivre en Israël.
MEE : Vous dénoncez cette phrase d’Emmanuel Macron comme étant inappropriée historiquement mais aussi politiquement. En quoi l’est-elle sur ce second plan ?
DV : Si vous ajoutez les questions politiques elles-mêmes, on est là dans quelque chose de grave. Certains conseillers disent à qui veut l’entendre : « Nous n’avons pas invité Benyamin Netanyahou à la cérémonie ». Il se serait invité comme il l’avait fait à la manifestation du 11 janvier 2015. Mais on lui a donné la parole. Pourquoi, s’il n’était pas invité ?
On lui confère une parole officielle… en plus de tout confondre et de donner l’impression que les juifs victimes de la rafle seraient aujourd’hui représentés par le Premier ministre israélien, l’un des pires de l’Histoire d’Israël ! C’est quand même une drôle de confusion. J’ajoute au passage que lorsque le président Macron s’adresse à Netanyahou, il dit « Cher Bibi », ce qui instaure une certaine intimité. Imagine-t-on que l’autre réponde « cher Manu » ? C’est assez gênant.
Emmanuel Macron reçoit Benyamin Netanyahou à son arrivée à l'Élysée, le 15 juillet 2017 (AFP)
Concernant cette fameuse phrase, des conseillers expliquent qu’elle n’y était pas dans le discours initial et aurait été ajoutée, possiblement par un conseiller. Mais Emmanuel Macron l’a dite, je l’ai entendue ! Je veux bien le croire, mais cela conduit alors à une réflexion sur la fonction de président de la République. Est-ce qu’il s’agit de lire des textes avec lesquels on ne serait pas d’accord ? Rétrospectivement, on sent qu’il y a une certaine gêne autour de cet événement. Donc raison de plus, selon moi, pour enfoncer le clou. L’Histoire, c’est l’Histoire, qu’elle plaise ou non à Benyamin Netanyahou et à l’extrême-droite israélienne.
MEE : En France, sommes-nous dans une période où l’on confond tout pour ne pas justement critiquer la politique d’Israël, qui cherche, par exemple, à tout simplement annexer les territoires colonisés (ce que permettrait la loi du 6 février 2017, actuellement gelée par la Cour suprême) ?
DV : On est, en Israël, dans une évolution législative qui veut dire en clair : jamais deux États. Et surtout, vu qu’on parle d’annexer les Palestiniens avec leurs terres, c’est une forme d’apartheid à l’israélienne, et assumée.
En tant que journaliste depuis 1973, je constate qu’il n’y a plus le même enthousiasme à travailler sur cette question. On sent que les confrères et les consœurs ont peur
On va, ou on veut, créer une espèce d’interdiction de critique de la politique israélienne. Mais à mon avis, ça ne passera jamais.
En France, avec toutes les pressions possibles à l’intérieur comme à l’extérieur, on n’imagine pas que le Conseil constitutionnel valide la création d’un délit d’opinion, qui est anticonstitutionnel. On n’imagine même pas que le gouvernement puisse accepter qu’un tel projet puisse être discuté.
Un sympathisant de la cause palestinienne participe à une manifestation devant l’Opéra de Paris contre la visite du Premier ministre israélien en France le 31 octobre 2012 ( Reuters)
Le projet de loi de Francis Khalifa, le président du CRIF [Conseil représentatif des institutions juives de France], visant à sanctionner l’antisionisme est un projet qui n’est pas dicible pour un ministre. Toutes les pressions n’y feront rien. Il n’y aura pas de loi créant un délit d’opinion. En revanche, toute l’agitation autour de ce projet va faire pression sur les gens. Et, en tant que journaliste depuis 1973, je constate qu’il n’y a plus le même enthousiasme à travailler sur cette question. On sent que les confrères et les consœurs ont peur.
MEE : Le CRIF, justement, estime aussi que le mouvement Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS) est illégal…
DV : Je crois que cette discussion de loi contre l’antisionisme vise, en réalité, à contrer le mouvement BDS. Le CRIF a beau dire que c’est interdit, ce n’est pas vrai. Il n’y a pas de loi qui interdise le boycott en France. Une directive a été signée en ce sens par Michèle Alliot-Marie [ancienne ministre de la Justice entre 2009 et 2010, sous Nicolas Sarkozy], mais ce n’est « qu’une » directive au parquet. En plus, la plupart des parquets n’ont pas suivi. Il y a eu très peu de procès.
Je crois que cette discussion de loi contre l’antisionisme vise, en réalité, à contrer le mouvement BDS
La directive disait que le BDS constituait « une forme d’incitation à la haine raciale [qu’il faut] donc poursuivre ». Christiane Taubira [ancienne ministre de la Justice de 2012 à 2016, sous François Hollande], pour qui j’ai beaucoup d’estime, n’a pas eu le courage de l’abroger, ce qu’elle aurait pu faire sans la moindre difficulté. Je le regrette beaucoup…
Outre cela, il y a un arrêt de la Cour de cassation sur l’affaire de Colmar [2009], mais ça n’a pas de valeur générale. Et les avocats ont porté l’affaire devant la Cour de justice européenne. On n’a pas encore le résultat, mais Federica Mogherini, la chef de la diplomatie européenne, a déclaré à plusieurs reprises que pour l’Union européenne, le BDS entre dans le cadre de la liberté d’expression. Ça ne garantit pas le jugement, mais ça donne une idée.
MEE : Pourquoi la vraie cible serait-elle le mouvement BDS ?
DV : Quand on dit BDS, on pense au bon petit militant qui entre dans son supermarché et va refuser d’acheter des oranges de Jaffa ou des dattes de la vallée du Jourdain. C’est tout à fait légitime et sympathique. Mais ce n’est pas ça, le BDS ! La réalité, c’est que le fond de pension de la Norvège, le plus grand d’Europe, s’est retiré des territoires occupés et d’Israël. Et il y en a d’autres ! C’est quelques-unes des plus grandes entreprises mondiales qui se retirent. La plupart des grandes banques des pays nordiques sont partis.
L’ancien ministre israélien des Finances, Yaïr Lapid, qui n’est pas du tout un révolutionnaire, a estimé en 2015 que le mouvement BDS ferait perdre 44 milliards de dollars en dix ans à Israël. La limite à la spirale de folie des dirigeants de l’extrême-droite israélienne, c’est ça. Et c’est aussi ce qui permet de faire réfléchir les gouvernements.
MEE : Pour revenir à la France, Emmanuel Macron n’est pas le premier à faire l’amalgame entre antisionisme et antisémitisme, Manuel Valls le fait depuis quelques années… Est-ce une particularité française ?
DV : C’est la particularité de deux pays en Europe, ce sont d’ailleurs les seuls pays au monde, puisqu’aux États-Unis, le débat est ouvert. Là-bas, deux voix se font entendre : l’une qui est pro-israélienne, et une seconde, plutôt critique de la politique d’Israël, exprimée par J Street, par exemple.
Autre point perturbant, c’est qu’Israël devient l’enfant chéri de toute l’extrême droite européenne. Ils sont engagés contre l’islam, contre les migrants… et Israël est au premier rang contre l’islam
En France, ces deux voix existent mais elles n’ont pas le même écho. Le CRIF, c’est quelques milliers de personnes non représentatives de la majorité. En face, il y a l’Union juive française pour la paix, mais c’est une petite association. Il y a aussi des intellectuels, des groupes, mais il est vrai que les deux courants ne s’expriment pas de manière égale.
L’autre pays où l’on rencontre ces difficultés, c’est l’Allemagne, mais pour des questions historiques évidentes. C’est très difficile pour un Allemand de critiquer Israël.
« Autre point perturbant, c’est qu’Israël devient l’enfant chéri de toute l’extrême droite européenne. Ils sont engagés contre l’islam, contre les migrants… et Israël est au premier rang contre l’islam. C’est très effrayant d’entendre les partis d’extrême-droite en Europe, de voir des gens qui sont ou ont été antisémites, être pro-israéliens.

Dominique Vidal, Antisionisme = antisémitisme ? Réponse à Emmanuel Macron (Libertalia, février 2018)

source : http://www.middleeasteye.net/fr/reportages/interview-dominique-vidal-confondre-antisionisme-et-antis-mitisme-est-une-erreur-majeure

jeudi 8 février 2018

Jazz improvisation duo : Chick Corea & Hiromi - incredible...no we can't :-)

Ajoutée le 24 oct. 2010

Duet 02 Old Castle, by the River, in the Middle of a Forest

lundi 5 février 2018

Nucléaire : danger immédiat, et ça se passera près de chez vous / Nuclear power: immediate danger, and that will take place near you

Nucléaire : danger immédiat






Nucléaire : danger immédiat

Et ça se passera près de chez vous !


    Pour en finir avec un mensonge d’État !
    Deux Français sur trois vivent à moins de 75 kilomètres d’une centrale nucléaire alors que la menace d’un accident grave n’a jamais été aussi forte.
    Au-delà des discours si rassurants des défenseurs du nucléaire, la situation dans nos 19 centrales est plus que préoccupante. Comme le révèle cette enquête, de nombreux réacteurs ont très mal vieilli (notamment à Gravelines, au Bugey ou à Tricastin) : cuves fissurées, enceintes de « confinement » passoires, équipements essentiels non conformes… Tout est réuni pour que survienne une catastrophe. Sans compter, les risques externes, sans cesse minimisés, qui, à l’image du dangereux barrage de Vouglans dans le Jura, menacent la sûreté de certaines centrales.
    Financièrement exsangue, incapable d’investir dans de nouveaux outils de production, EDF manœuvre pour imposer la prolongation de ses centrales au-delà du raisonnable. Cette impasse financière, technique et humaine intervient à un moment clé : 48 réacteurs (sur 58) vont atteindre d’ici à 2028 le seuil critique, considéré comme maximal, des 40 années de fonctionnement. 
    Parce que le complexe nucléaire tricolore est aujourd’hui en faillite, en raison des gestions hasardeuses des deux principales entreprises publiques (EDF et Areva), parce que la France a lié son avenir à celui du nucléaire en retardant toute vraie transition énergétique, le piège est en train de se refermer. 
    Et ça se passera près de chez vous…
    • Flammarion Enquête
    • À paraître le 07/02/2018
    • Genre : Documents


    "Nucléaire, danger immédiat": les centrales françaises pointées du doigt"


    Les auteurs de l'ouvrage indiquent que des fissures avaient été découvertes sur le réacteur numéro 1 de la centrale du Tricastin (photo) (Drôme, sud-est) dès avant sa mise en service et que, "au cours de la troisième visite décennale, les études ont révélé trois fissures qui n'avaient pas été notées avant". © afp.
    Un livre à paraître mercredi met en cause la sûreté des centrales nucléaires françaises, évoquant notamment des fissures sur les cuves de plusieurs réacteurs, ce que l'opérateur énergétique français EDF a démenti lundi en menaçant les auteurs de poursuites.
    "L'accident grave devient, non plus possible, mais probable", écrivent Thierry Gadault et Hugues Demeude dans leur livre "Nucléaire - Danger immédiat" à paraître mercredi chez l'éditeur Flammarion.

    Les auteurs indiquent que des fissures avaient été découvertes sur le réacteur numéro 1 de la centrale du Tricastin (Drôme, sud-est) dès avant sa mise en service et que, "au cours de la troisième visite décennale, les études ont révélé trois fissures qui n'avaient pas été notées avant".

    France, Belgique: même combat?

    Le Tricastin est ainsi qualifié de "pire centrale du pays" pour un ensemble de problèmes. La centrale avait été mise provisoirement à l'arrêt l'an dernier à la suite d'une demande de l'Autorité française de sûreté nucléaire (ASN) pour renforcer une digue jugée trop fragile au nord de l'installation.

    L'ouvrage indique par ailleurs que "les autorités belges ont mis en évidence des milliers de fissures dans des endroits non inspectés en France", en raison de bulles d'hydrogène prisonnières du métal. En France, des analyses ont ensuite permis d'établir que "six cuves sont fragilisées par des fissures de même type que les défauts belges", écrivent les auteurs.

    EDF dément

    EDF a aussitôt démenti en affirmant qu'aucun nouveau problème n'avait été détecté sur le parc nucléaire français, composé de 58 réacteurs. "Un certain nombre de choses sont vraies et connues depuis longtemps", a indiqué Dominique Minière, directeur du parc nucléaire et thermique d'EDF, lors d'une conférence téléphonique. "Après il y a un certain nombre de faits qui sont présentés comme nouveaux et ceux-là (...) sont faux", a-t-il affirmé.

    Concernant le Tricastin 1, "rien de nouveau" n'y a ainsi été mis en évidence lors de la troisième visite décennale, selon lui. "Il n'y a pas de défaut dû à l'hydrogène dans nos cuves", a-t-il encore indiqué.

    Des poursuites en diffamation?

    EDF a par ailleurs publié un communiqué pour affirmer que "la sûreté nucléaire est sa priorité absolue". L'opérateur énergétique indique qu'il se réserve le droit "d'entamer des poursuites... y compris en diffamation".

    Contactée par l'AFP, l'ASN n'a pas souhaité faire de commentaire dans l'immédiat. "L'ASN souhaite prendre connaissance du contenu de l'ouvrage avant toute prise de parole", indique le gendarme du nucléaire.

    source : 
    http://www.7sur7.be/7s7/fr/2765/Environnement/article/detail/3362446/2018/02/05/Nucleaire-danger-immediat-les-centrales-francaises-pointees-du-doigt.dhtml