samedi 30 avril 2016

Le lauréat du prix Nobel de la paix, Obama, demande…… le soutien militaire dans une guerre éventuelle contre la Russie / The Nobel Prize winner of the peace, Obama, asks … for the military support in a possible war against Russia

Le lauréat du prix Nobel de la paix, Obama, demande…


… le soutien militaire dans une guerre éventuelle contre la Russie. Une opération défensive (sic) voyez vous-même.

Eric Zuesse
Par Eric Zuesse – Le 24 avril 2016 – Source Russia Insider
Selon un article du 23 avril publié par Deutsche Wirtschafts Nachrichten (Nouvelles économiques allemandes), le président américain Barack Obama «exige le déploiement actif de la Bundeswehr [forces armées de l’Allemagne, y compris leur Armée, la Marine et la Force aérienne] sur les frontières orientales de l’OTAN» en Pologne et dans les républiques baltes, rejoignant ainsi là-bas le quadruplement des forces américaines à proximité des frontières de la Russie.
Ceci est une violation absolue de ce que le dirigeant russe Mikhaïl Gorbatchev avait accepté en mettant fin à l’Union soviétique et au Pacte de Varsovie – organisation miroir de l’OTAN – et c’est aussi l’aboutissement d’un processus qui a commencé peu de temps après que Gorbatchev a accepté les conditions de l’Amérique, qui incluaient que l’OTAN «ne bouge pas d’un pouce vers l’est».
En outre, le journal DWN rapporte que le 25 avril, le Président des États-Unis tiendra une réunion au sommet à Hanovre en Allemagne, avec les dirigeants de l’Allemagne (Angela Merkel), de l’Italie (Matteo Renzi), de la France (François Hollande) et de la Grande-Bretagne (David Cameron). L’objectif présumé de cette réunion est l’obtention d’un accord pour établir, dans les pays de l’OTAN limitrophes de la Russie, une force militaire de ces cinq pays, une force menaçant la Russie d’une invasion, si ou quand l’OTAN décide par la suite qu’il faut répondre militairement à la menace de la Russie.
L’encerclement de la Russie par l’OTAN, avec des forces qui lui sont hostiles, est prétendument défensive – pas  offensive – contre la Russie, et est présenté comme tel par nos médias. Au cours de la crise des missiles cubains en 1962, JF Kennedy n’a pas considéré le plan de Nikita Khrouchtchev d’installer une base de missiles nucléaires à Cuba comme étant défensif de la part de l’URSS – et de même le président russe Vladimir Poutine ne considère pas l’opération américaine, autrement plus vaste, d’encerclement de la Russie comme une opération défensive. Le gouvernement des États-Unis et l’OTAN agissent comme si la Russie les menaçait, plutôt que de considérer qu’ils sont eux-mêmes une menace pour la Russie en l’encerclant – et leurs médias relaient ce mensonge comme s’il s’agissait d’une vérité digne d’être prise au sérieux. En fait, l’OTAN est déjà installée sur la frontière occidentale de la Russie.
Obama en rajoute donc maintenant aux sanctions économiques contre la Russie, qu’il avait imposées en raison de la prétendue annexion de la Crimée, après que les États-Unis et l’UE ont machiné un coup d’État pour renverser l’allié de la Russie, Viktor Ianoukovitch, qui avait dirigé l’Ukraine jusqu’en février 2014.
Même si les sondages en Crimée, parrainés par les Occidentaux, à la fois avant et après le coup d’État, avaient montré que plus de 90% des Criméens voulaient rejoindre la Russie, et juste après que ces derniers ont voté massivement pour la rejoindre, Obama a lancé des sanctions contre la Russie. Les armes nucléaires ont été préparées, tant du côté des États-Unis-UE que du côté russe, pour une éventuelle guerre nucléaire.
Ce n’est pas une simple restauration de la guerre froide – censément  basée sur le désaccord idéologique capitalisme-communisme ; il s’agit de mettre en place des forces pour une éventuelle invasion de la Russie, purement et simplement – une conquête brutale – bien qu’aucun média de masse majeur dans l’Ouest ne signale ce fait tel qu’il est.
La préparation actuelle ne signifie pas nécessairement qu’une guerre nucléaire s’ensuivra. La Russie pourrait accepter, quelles que soient les exigences de l’Occident, et donc perdre sa souveraineté. Par ailleurs, si la Russie s’accroche à son sol et refuse de céder sa souveraineté nationale, l’Occident – le leadership US et les directions dans ses pays alliés – pourrait cesser ses menaces toujours de plus en plus sinistres, et simplement se retirer des frontières de la Russie.
Fondamentalement, depuis 2013, la direction des États-Unis a décidé de reprendrel’Ukraine et a refusé de reconnaître le droit du peuple de Crimée de rejeter la nouvelle soumission à Kiev et de décider de son propre avenir. Fin février 2014, la direction russe a décidé de protéger la Crimée du type d’invasion qui a eu lieu par la suite dans l’ancienne région du Donbass en Ukraine, où l’opposition au coup d’État d’Obama était encore plus intense.
L’Occident continue d’affirmer que la Russie a, en quelque sorte, tort dans cette affaire. Cependant, étant donné que même le chef de Stratfor a qualifié ce qu’Obama a fait en Ukraine de «coup d’État le plus flagrant dans l’Histoire», et que le fait que ce soit un coup d’État orchestré par les États-Unis a été largement documenté sur les téléphones portables et autres vidéos, et dans l’enquête académique la plus minutieuse qui a étéeffectuée sur la question. Même Petro Porochenko, président de l’Ukraine et participant à l’événement, l’a reconnu comme étant un coup d’État. Et depuis, des preuves ont été apportées sur Internet, des préparatifs de l’ambassade des États-Unis, dès le 1er mars 2013, pour le coup d’État de février 2014. Des sondages commandités par le gouvernement des États-Unis ont même montré que les Criméens rejetaient massivement ce coup d’État et voulaient rejoindre la Russie.
Alors il faut répondre à la question : sur quelle base sont fondées les actions agressives de l’Ouest, menaçant la sécurité nationale de la Russie, autre que les propres ambitions impérialistes envers celle-ci, camouflées par des mensonges sur une Russie et un président Poutine agressifs dont les médias occidentaux ont massivement abreuvé le public ? Et c’est une base très inquiétante, et même préoccupante en ce qui concerne, essentiellement, le type de leadership dictatorial de l’Occident, plutôt que toute autre dictature en dehors de lui.
L’agression et la menace ici, viennent clairement de l’Occident contre l’Orient.
En janvier dernier, le président russe Vladimir Poutine a une nouvelle foisinterpellé le président américain Barack Obama sur son énorme mensonge selon lequel les armes anti-missiles, que l’Amérique installe en Europe, servent à protéger celle-ci contre les missiles nucléaires iraniens. Maintenant que les États-Unis reconnaissent que l’Iran n’a pas, et n’aura pas de missiles nucléaires, Obama intensifie ces mêmes installations en Europe au lieu d’y mettre fin, à proximité des frontières de la Russie. La seule vraie raison de leur présence, comme Poutine le soutient, est de permettre une attaque nucléaire soudaine de première frappe contre la Russie, pour désactiver ses capacités de rétorsion en quelques minutes.
La seule réponse rationnelle, pour le public occidental, à ce qu’Obama et ses alliés étrangers fomentent, est de comprendre ce qui se passe réellement, et de prendre des mesures contre leurs propres dirigeants, avant que les enjeux de plus en plus élevés de la confrontation ne deviennent catastrophiques. Dans ce cas, les populations des pays qui composent l’Occident politique doivent se défendre contre leurs propres dirigeants nationaux. C’est une situation fréquemment rencontrée dans les dictatures.
Pourtant, les principales questions ne sont pas posées dans la presse occidentale, qui les ignore. À moins que ces questions ne soient traitées publiquement – et vite – la réponse pourrait bien être définitive pour des millions de civils en Europe et ailleurs.
Plus la situation se rapproche d’une guerre nucléaire, plus il sera difficile pour les deux parties de reculer – et c’est particulièrement le cas avec l’agresseur, surtout quand il prétend faussement qu’il est lui-même agressé.
C’est la raison pour laquelle les mensonges colportés par les dirigeants politiques de l’Ouest doivent être exposés dans l’urgence.
Eric Zuesse
Article original paru à Off Guardian
Traduit et édité par jj, relu par nadine, pour le Saker Francophone

mercredi 27 avril 2016

Barack Obama, le Brexit, et l’influence des Etats-Unis sur l’Union européenne / Barack Obama, Brexit, and the influence of the United States on the European Union


Barack Obama, le Brexit, et l’influence des Etats-Unis sur l’Union européenne

Barack Obama, le Brexit, et l’influence des Etats-Unis sur l’Union européenne

© REUTERS/ Stefan Wermuth
POINTS DE VUE
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Jacques Sapir152257192

source : https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201604251024509314-barack-obama-brexit-usa-ue/

Vendredi 22 avril, parlant à Londres, le Président des Etats-Unis, M. Barack Obama, a lancé un vibrant appel aux électeurs du Royaume-Uni pour qu’ils rejettent la sortie de l’Union européenne. Ceci n’a pas été sans surprendre.

On ne peut en effet être qu'étonné du fait qu'un Président des Etats-Unis vole ainsi au secours des institutions européennes. Le Président Obama ne s'est d'ailleurs pas contenté de condamner ce que l'on appelle le « Brexit ». Il a assorti cette condamnation de menaces à peine voilées au cas où les électeurs britanniques choisiraient l'option de la sortie. On peut penser que ces menaces sont assez creuses: ainsi, celle concernant les relations économiques entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis; ces relations dépendent de l'OMC et de divers traités internationaux. Il n'est pas dans le pouvoir de Washington de les remettre en cause. On peut aussi penser que ces menaces sont assez vaines. Nul ne sait comment les électeurs britanniques vont y réagir, et ils pourraient fort bien considérer que ce n'est pas au Président d'un Etat, fut-il ami, de leur dire comment ils doivent voter pour le référendum du 23 juin prochain.
Cette intervention est donc étonnante; mais elle est aussi extrêmement révélatrice. Notons, en passant, que cela dément à l'évidence toutes les fariboles et les niaiseries que l'on a pu entendre sur le fait que la constitution de l'Union européenne permettrait de faire naître un rival global aux Etats-Unis. Elle montre de manière spectaculaire que les Etats-Unis ont un intérêt évident et majeur dans l'existence de l'UE, et ce pour une bonne raison: l'UE est leur créature.
Les origines de la construction européenne et l'influence américaine
On affirme souvent que la construction européenne résulterait du double traumatisme de la Première et de la Deuxième guerre mondiale. Que ces événements tragiques aient fait prendre aux contemporains conscience de la nécessité d'organiser la coopération entre les Etats européens est une évidence. Mais l'idée de la construction européenne était antérieure à 1914, dès 1870 Victor Hugo et d'autres intellectuels faisaient campagne pour ce qu'ils appelaient les « Etats-Unis d'Europe ».
En fait, ceux que l'on considère comme les « pères fondateurs » du projet européen, et en particulier Jean Monnet professaient une vision très pessimiste de l'avenir des Etats. Ils étaient, que l'on pardonne cet anachronisme, des « déclinistes » avant l'heure.
Cette méfiance profonde se doublait d'une égale méfiance envers la démocratie qui allait imprégner la construction européenne. Mais, celle-ci n'aurait sans doute pas pu se mettre en marche sans l'aide décisive que lui apportèrent les Etats-Unis. Pour ce dernier pays, la question essentielle était celle de l'hégémonie mondiale et de son rapport avec l'URSS. Dans ce cadre, il fallait trouver une solution qui lui permette à la fois d'être rassuré quant à l'avenir du continent européen, mais qui assure aussi l'ouverture de ce continent, ou du moins d'une large partie de ce dernier, aux produits de son industrie et de son agriculture.
Aussi, le Secrétaire d'Etat américain George Marshall organisa au début de l'année 1947 une équipe de hauts fonctionnaires, dirigée par l'un de ses conseillers les plus chevronnés, George Kennan (qui avait été en poste à Moscou pendant la Guerre et avait été l'auteur — sous pseudonyme — d'un article important prenant acte du début de la guerre froide en 1946 dans le revue Foreign Affairs). Son but était de concevoir une nouvelle stratégie pour soutenir l'économie européenne (1). Ce groupe fut à l'origine du « Plan Marshall » le 5 juin 1947, qui fut présenté lors d'un discours à l'université d'Harvard resté fameux (2). Des intérêts commerciaux puissants le sous-tendaient. L'Europe représentait pour l'Amérique un « marché énorme de plusieurs centaines de millions de personnes » que les Etats-Unis ne pouvaient se permettre de perdre » (3).
Dans le même temps, une nouvelle organisation fut mise en place, Le Comité Américain pour l'Europe Unie (ACUE) résultant des contacts entre des politiciens européens partisan de l'intégration et de deux figures clefs du renseignement américain, William J. « Wild Bill » Donovan, ancien responsable de l'OSS (4) durant la guerre et un des fondateurs en 1947 de la CIA et son collègue Allen Dulles qui devait devenir plus tard le chef de la CIA sous le président Eisenhower. A partir de ce moment, comme les recherches universitaires récentes l'ont prouvé (5), l'ACUE fut utilisée comme couverture pour transférer des fonds de la CIA afin de promouvoir l'obsession du Département d'Etat d'en arriver à une Europe unie, ce qu'un historien devait appeler la « conspiration libérale » (6).
Enfin fut signé à Washington le 4 avril 1949 du Traité de l'Atlantique Nord, c'est à dire l'OTAN, mettant en place une organisation militaire intégrée pour la défense de l'Europe non-communiste. La construction de l'intégration économique, politique et militaire de l'Europe a donc toujours été un projet intégré, et un projet largement soutenu, et même souvent inspiré, par les Etats-Unis en relation avec les « déclinistes » européens.
Les Etats-Unis et l'Union européenne
Telles sont donc les éléments de contexte qui permettent de mieux saisir la stratégie des Etats-Unis envers les institutions européennes. Cette stratégie vise à transformer l'Union européenne en relais de la politique des Etats-Unis en s'assurant que l'Union européenne partagera les mêmes intérêts que les Etats-Unis. Il convient, alors, de faire disparaître la notion d'intérêts nationaux au sein des pays d'Europe pour être sûr que seuls les Etats-Unis pourront déployer leurs propres intérêts nationaux.
L'alignement progressif des institutions de l'Union européenne sur les « normes » édictées aux Etats-Unis connaîtra bien entendu un nouveau stade si le traité TAFTA (ou TTIP) devait être ratifié. Mais, et on l'a vu avec l'intervention franco-britannique en Lybie, cet alignement a déjà commencé. Il explique, en outre, le fait que l'Euro n'ait pu se développer comme une alternative au Dollar des Etats-Unis. Une note du CEPII le reconnaît aujourd'hui (7). Et il en sera ainsi tant que l'Euro sera porté par des institutions qui sont et restent largement inféodées à la politique américaine.
La place de la Grande-Bretagne est donc absolument centrale pour la politique des Etats-Unis. Elle joue le rôle d'une ancre pour la politique des Etats-Unis dans l'Union européenne. Il est clair qu'elle n'est pas la seule. Ceux qui pensent que le départ de la Grande-Bretagne de l'Union européenne « libérerait » cette dernière de l'influence américaine se trompent lourdement. Mais, la présence de la Grande-Bretagne au sein de l'Union européenne est essentielle pour la politique des Etats-Unis. C'est une des garanties que l'Union européenne ne s'opposera jamais aux Etats-Unis. Tant que la Grande-Bretagne est membre de l'UE, les responsables des Etats-Unis savent pertinemment que le marché de l'UE leur sera grand ouvert. Ils savent aussi qu'ils peuvent compter, avec la Grande-Bretagne, sur un important relais pour leurs visées politiques, comme au sujet de l'Irak en 2003, où Tony Blair a repris les mensonges de l'administration de Georges W. Bush ou que ce soit sur la Lybie, sur la Syrie et sur l'Ukraine.
Il n'est donc pas question, pour les Etats-Unis, de laisser se produire le « Brexit ». Le gouvernement de Washington va donc multiplier les pressions, explicites comme avec ce discours du 22 avril, ou implicites, pour « ramener à la raison » l'élite politique britannique qui s'avère être profondément divisée sur cette question. Cela traduit probablement le fait cette élite politique, qui est l'héritière de la « culture impériale » britannique, a bien du mal à abandonner la notion de souveraineté ainsi que celle d'intérêt national.
La question du « Brexit » ne se limite donc pas à savoir si la Grande-Bretagne restera ou non dans l'Union européenne. Elle pose de manière plus générale la question de savoir si la notion d'intérêt national, et donc celle de diplomatie, au sens des compromis nécessaires pour que puissent cohabiter des intérêts divergents, a encore un sens en Europe. C'est l'une des raisons pour lesquelles le débat en Grande-Bretagne, et son issue, est d'une telle importance pour les autres peuples d'Europe. Et il n'est pas innocent que ce soit justement dans un des pays de la « vieille Europe », un pays dont l'histoire remonte au plus profonde de l'Histoire et qui de ce point de vue est très similaire à notre pays, que ce débat ait aujourd'hui lieu.

(1) Bundy, William P., www.foreignaffaires.org/general/Info/history.html
(2) www.marshallfoundation.org/about_gem/marshall_plan.htm
(3) Brugmans, Henri, Fundamentals of European Federalisme, préface de Lord Layton, Londres, The Federal Union, 1948, p 4.
(4) L'Office of Strategic Services fut le premier service de renseignement des Etats-Unis, créé en 1942. Jusque là le renseignement était du domaine du FBI (contre-espionnage) et de l'ONI ou Office of National Intelligence.
(5) Cf Joshua Paul de Georgetown University, Washington, cité dans le Daily Telegraph, 19 septembre 2000 et Aldrich, Richard L (2001), The Hidden Hand-Britain, America and Cold War Secret Intelligence, Londres, John Murray Ltd.
(6) Voir Coleman, Peter (1989), The Liberal Conspiracy: The Congress For Cultural Freedom And The Struggle For The Mind of Europe, New York, The Free Press.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

vendredi 22 avril 2016

Maintenant, les États-Unis préparent la troisième guerre mondiale / Now, the United States prepare the World War III


Source : http://lesakerfrancophone.fr/maintenant-les-etats-unis-preparent-la-troisieme-guerre-mondiale

Par Eric Zuesse – Le 13 avril 2016 – Source strategic-culture

Avertissement de l’auteur

Dans la mesure où cet article énonce tant de choses qui pourraient être susceptibles de contredire ce que la plupart des gens dans les pays occidentaux ont été amenés à croire, les lecteurs sont très fortement encouragés à cliquer sur toute allégation qui leur semblera douteuse, afin d’obtenir les sources derrière toute donnée contestable. Et partout où une source référencée se révèle être un autre article, le lecteur est encouragé de manière similaire à faire la même chose sur celui-ci, de sorte qu’il pourra, de cette façon, sonder jusqu’aux sources ultimes, qui sont les sources sur lesquelles cet article est finalement basé.



Après avoir élargi l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie et, pour l’essentiel, entouré celle-ci d’installations militaires américaines, les États-Unis utilisent maintenant le prétexte que la Russie a permis au peuple de Crimée de la rejoindre en 2014 – après que le dictateur soviétique Khrouchtchev a transféré la Crimée de la Russie vers l’Ukraine en 1954. Ceci étant une excuse pour armer et envoyer des troupes aux frontières nord-ouest de la Russie afin d’être suffisamment préparé pour lancer, dès 2017, une invasion terrestre de la Russie, qui serait alors soutenue par la puissance aérienne des États-Unis et les armes nucléaires.

Aux États-Unis et en Europe, la promotion de cette action présente le plan comme purement défensif contre l’agression russe, pour s’être emparée de la Crimée en 2014. Promptement, le président américain Barack Obama a imposé des sanctions économiques contre la Russie pour cette annexion. En fait, il ne s’agissait pas d’une annexion mais d’une protection des résidents là-bas, qui avaient voté à 75% pour l’homme qui a été renversé par un coup d’État violent à Kiev – qui a été présenté en Occident comme étant une révolution démocratique.

Cependant, les États-Unis ont pratiquement forcé la Russie à accepter la requête des habitants de la Crimée pour devenir à nouveau une partie de la Russie, après le coup d’État anti-russe en Ukraine – que le directeur du think tank US Stratfor, a qualifié de«coup d’État le plus flagrant dans l’histoire» – après que ce coup a terrifié les habitants de la Crimée et que même des sondages occidentaux en Crimée avaient montré que la population voulait rejoindre la Russie, avant même que les États-Unis aient pris le contrôle de l’Ukraine après son coup très sanglant. Il faut noter que, depuis ce coup d’État, aucune action du gouvernement ukrainien anti-russe ainsi installé n’a été condamnée par la Maison Blanche. Maintenant, au contraire, les condamnations du gouvernement ukrainien viennent de Moscou, qui se plaint d’avoir une nation dirigée par un gouvernement rageusement anti-russe le long de la plus longue frontière occidentale de la Russie. C’est comme si le Canada était dirigé aujourd’hui par des bigots anti-américains qui auraient été installés par la superpuissance mondiale dans un monde où les États-Unis ne seraient que la seconde. Les États-Unis seraient alors très perturbés par cette situation ; et les Russes aussi, naturellement.

Le Cato Institute, organisme russophobe, qualifie la Russie de «puissance nucléaire défensive et paranoïaque». Cato n’adresse pas aux États-Unis la phrase suivante qui lui correspond effectivement, mais certainement pas à la Russie post-soviétique : «la plus grande menace pour la paix dans le monde d’aujourd’hui». Ceci parce que l’aristocratie américaine veut voir le peuple américain, et les peuples des nations alliées qu’elle contrôle, considérer la Russie comme «une puissance nucléaire défensive et paranoïaque», plutôt que comme une nation intensément menacée – menacée par les États-Unis, ceux-ci étant généralement considérés comme, «la plus grande menace à la paix dans le monde d’aujourd’hui», et de loin.

Les États-Unis ont exprimé leur soutien complet à l’Ukraine qui veut adhérer à l’OTAN, mais d’autres nations membres de l’OTAN n’ont pas encore permis que cela se produise.

Le gouvernement des États-Unis, par l’intermédiaire de l’USAID, de l’OTAN, du Conseil Atlantique, du Brookings Institute, de l’American Enterprise Institute, et des fondations gérées par l’aristocratie américaine telles que Open Society, Cato Institute, et l’ensemble des organismes de bienfaisance à l’œuvre dans les affaires étrangères, font tous la promotion de cette préparation à la troisième guerre mondiale, en répétant la ligne de la Maison blanche, disant que le coup d’État en Ukraine n’en était pas un, mais seulement un renversement démocratique du président démocratiquement élu de l’Ukraine, Viktor Ianoukovitch, visant à éliminer un président corrompu – mais démocratiquement élu, ce que personne ne conteste – ignorant commodément que les présidents de l’Ukraine post-soviétique étaient tous corrompus, et qu’aucun d’entre eux n’aurait pu arriver à cette fonction sans corruption.

En outre, le régime installé par les États-Unis est encore plus corrompu que n’était celui qu’ils ont renversé. Pourtant, ils ne condamnent toujours pas son nouveau client vassal. La corruption était un prétexte pour le coup d’État, et non la cause réelle de la Révolution Maidan – et maintenant les Ukrainiens le regrettent, même ceux qui étaient pour le renversement du régime – et comment ! L’organisme de sondage Gallup n’est pas honnête car il compare le président issu du coup d’État, Porochenko, à celui qui l’a précédé, Ianoukovitch, alors qu’il gouverne un pays qui ne comprend plus le Donbass, ni la Crimée qui avaient voté respectivement à 90% et 75% pour l’homme que Obama a renversé, même si Gallup reconnaît que la popularité de Ianoukovitch «n’a jamais été aussi basse que celle de Porochenko maintenant». Porochenko a bombardé le Donbass, et il veut toujours aller en guerre contre la Crimée ; ainsi, sa cote dans ces deux anciennes régions de l’Ukraine, serait proche de zéro – ce qui réduirait son taux d’approbation dans tous les anciennes parties de l’Ukraine si le sondage les avait prises en compte.

Vous pouvez voir ici et ce que le régime Obama a effectivement sponsorisé dans le Donbass : le bombardement des villes et villages, en qualifiant tous les habitants de la région de terroristes et la campagne de bombardement comme une Opération anti terroriste ou ATO. Vous pouvez trouver ici les lois internationales que violait le régime ukrainien imposé par Obama. Le but de ces bombardements était de tuer le plus grand nombre possible de civils et d’obliger le reste à se réfugier en Russie, de manière à laisser le champ libre au Donbass pour l’extraction du gaz de schiste par des entreprises américaines – et probablement aussi la mise en place de missiles nucléaires américains là-bas. Le plan a échoué, même s’il a produit beaucoup de cadavres et de réfugiés.

Le président américain Barack Obama est une personne brillante, qui a ainsi été en mesure de tromper non seulement beaucoup de ses compatriotes américains, mais des majorités solides aussi dans les nations alliées que les États-Unis contrôlent, en faisant croire au mensonge que l’agresseur est à Moscou et non à Washington. Mais arriver à tromper les gens par un mensonge ne fait pas de celui-ci une vérité. De même que cela n’a pas pris avec le mensonge de George W Bush sur les armes de destruction massive de Saddam en Irak, cela ne prend pas non plus en ce qui concerne le mensonge de la révolution démocratique en Ukraine – où la démocratie a effectivement pris fin avec le coup d’État des États-Unis.

Le 6 février 2016, je signalais :


«Le Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a annoncé le 2 février qu’il approuvait la proposition de Ash Carter, secrétaire d’État américain US à la Defense, de quadrupler les armements et des troupes en Europe, contre l’agression russe.

Le secrétaire Carter a dit plus tôt le même jour, dans son annonce de l’armement de l’Amérique pour la guerre contre la Russie :

«Nous renforçons notre position en Europe pour soutenir nos alliés de l’OTAN face à l’agression de la Russie. Ce qu’on appelle dans le jargon du Pentagone l’Initiative européenne de réassurance et après avoir demandé environ $800 millions pour l’année dernière, cette année, nous avons plus que quadruplé le montant pour un total de $3,4 milliards en 2017.

Cela va financer beaucoup de choses : plus de forces de rotation des États-Unis en Europe, plus de formation et d’exercices avec nos alliés, plus de pré-positionnement de matériel de guerre et l’amélioration des infrastructures pour soutenir tout cela.

En combinant avec les forces américaines déjà en place ou affectées à l’Europe – qui sont aussi importantes – tout cela ensemble d’ici la fin de 2017, nous permettra de former rapidement sur le terrain un groupe interarmes très capable pouvant répondre sur ce théâtre, si nécessaire».

Cependant, la vérité est que si la Russie ne se développe pas aux frontières de l’OTAN, cette dernière est en pleine expansion aux frontières de la Russie. La nullité du mensonge occidental prétendant le contraire est une insulte à l’intelligence des Occidentaux.

Les États-Unis se prépare à une invasion de la Russie.»

Toutefois, il est avéré que cela n’a pas été une insulte à l’intelligence pour un certain lecteur sur un autre site, où j’ai publié un article à propos de l’échec des médias d’actualité à informer de ces réalités, article auquel un troll a répondu en disant que «la raison la plus probable pour laquelle d’autres médias ne relatent pas les récits est […] parce que ces récits sont faux ou de mauvaise qualité». Il m’a alors insulté personnellement, et a allégué que j’avais «prédit que les États-Unis allaient attaquer les Russes avec des armes nucléaires à cause de l’Ukraine».

Toutefois – à part le fait que ce lecteur n’avait apparemment pas cliqué sur les liens de l’article qui documentaient les allégations – si j’ai dit que «les États-Unis préparent une invasion de la Russie», ce n’est pas la même chose que de dire: «Les États-Unis vont attaquer les Russes avec des armes nucléaires à cause de l’Ukraine.» Il y a une distinction importante entre ces deux déclarations, et je vais éclairer cette distinction ici, afin que les lecteurs puissent comprendre plus précisément ce qu’est la politique américaine sur ce sujet très important.

Un bon exemple de cette distinction est lorsque le dictateur soviétique, Nikita Khrouchtchev, a essayé d’installer des missiles nucléaires à 90 miles des États-Unis, à Cuba en 1962, ce qui aurait pu être vu par Khrouchtchev comme une mesure défensive contre une éventuelle attaque nucléaire sur l’URSS, comme il le disait lui-même. Mais le président américain, John Fitzgerald Kennedy, a considéré, avec raison, qu’il s’agissait au contraire d’un mouvement agressif contre les États-Unis – et il était prêt à lancer une attaque nucléaire contre l’URSS si Khrouchtchev n’avait pas retiré son projet d’installations de missiles – qui n’était encore qu’un projet. Le monde entier – sauf Fidel Castro, qui avait demandé les missiles afin d’empêcher une autre invasion comme la Baie des Cochons – était d’accord avec l’attitude de JFK. Donc, et pour les mêmes motifs, et encore plus dans ce cas, le monde entier devrait maintenant soutenir la Russie après qu’une succession de présidents américains a élargi l’OTAN jusqu’à ses frontières mêmes, et annonce maintenant l’intention de placer des milliers de soldats américains, des avions et des chars dernier modèle exactement aux frontières de la Russie. Si ce n’est pas obscène, alors qu’est-ce que c’est ?

La Russie n’est pas confrontée ici en un lieu seulement, mais en de nombreux endroits, exactement sur ses frontières, qui pourraient bientôt être hérissées de missiles nucléaires américains dirigés contre elle. Et, de toute évidence, l’Amérique a essentiellement monté le coup sur l’ensemble de l’affaire Ukraine-Crimée de manière à pouvoir maintenant placer encore plus d’armes nucléaires le long de la frontière russe avec l’Ukraine. Cette attitude est extrêmement agressive et serait vue comme telle par tout dirigeant rationnel de la Russie – et doit être vue de cette façon par une personne rationnelle, dans tous les pays.

En plus de cela, Jens Stoltenberg a récemment déclaré que l’OTAN va maintenant se coordonner plus étroitement avec l’alliance des nations arabes qui sont détenues par des familles royales fondamentalistes sunnites : l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, les Émirats arabes unis, Bahreïn et Oman. Ces familles royales et leurs serviteurs (États sous-traitants), ont fourni la quasi-totalité du financement d’al-Qaïda avant le 9/11 et – selon leur amie Hillary Clinton, Secrétaire d’État en 2009 – continuaient de le faire. Elle leur a demandé de cesser – et elle a également noté qu’ils étaient les principaux bailleurs de fonds des autres groupes djihadistes anti-américains, espérant qu’ils allaient aussi arrêter le financement. Cependant, ils sont tous contre la Russie ; et donc l’OTAN fera encore plus activement équipe avec eux. Il se trouve que l’Arabie saoudite est, de loin, la nation qui achète le plus d’armes aux États-Unis et à l’UE – comme celles de Lockheed Martin.

La Russie est cernée. Dans de telles circonstances, si elle frappe en premier, ses ennemis seront les plus à blâmer. On ne peut qu’espérer voir l’Occident – les États-Unis et leurs aristocraties marionnettes – reculer, et enfin mettre un terme à cette tentative incroyablement dangereuse de conquérir la Russie – avant que le monde entier ne soitconquis par les décombres nucléaires.

Eric Zuesse

Traduit et édité par jj, relu par Diane pour le Saker francophone

mardi 19 avril 2016

Nuit Debout : qu'en pensent Etienne Chouard et FrédéricLordon ? / At night Up: what do Etienne Chouard and Frédéric Lordon think about it ?

En guise d'introduction... 

Dans son article "Ce que l'extrême-droit ne nous prendra pas" (cf. infra),  Frédéric Lordon distingue les tenants de la souveraineté nationale et les tenants de la souveraineté populaire :

" Les tenants de la « souveraineté nationale » en effet ne se posent guère la question de savoir qui est l’incarnation de cette souveraineté, ou plutôt, une fois les évocations filandreuses du corps mystique de la nation mises de côté, ils y répondent « tout naturellement » en tournant leurs regards vers le grand homme, l’homme providentiel – l’imaginaire de la souveraineté nationale dans la droite française, par exemple, n’étant toujours pas décollé de la figure de de Gaulle. L’homme providentiel donc, ou tous ses possibles succédanés, comités de sages, de savants, de compétents ou de quelque autre qualité, avant-gardes qualifiées, etc., c’est-à-dire le petit nombre des aristoi (« les meilleurs ») à qui revient « légitimement » de conduire le grand nombre. La souveraineté vue de gauche, elle, n’a pas d’autre sens que la souveraineté du peuple, c’est-à-dire l’association aussi large que possible de tous les intéressés à la prise des décisions qui les intéressent "

Frédéric Lordon est un partisan de la souveraineté populaire et de la socialisation des moyens de production.

C'est aussi le cas d'Etienne Chouard. 

Une divergence de taille néanmoins entre ces deux intellectuels  : 

pour Chouard, dans le processus constituant (le fait de rédiger la Constitution par le peuple et pour le peuple), il faut pouvoir parler avec tout le monde (Alain Soral par exemple); trouver un socle commun (le processus constituant doit éviter les sujets clivants); le processus constituant n'est ni de gauche, ni de droite; dans un tel processus, où tout le monde a la parole (certes de façon codifiée, organisée : sur le modèle de la démocratie athénienne par exemple, des espaces et des moments pour dialoguer, se disputer - l'agora; d'autres ensuite pour écouter les porte-paroles en silence et voter), les fachos sont naturellement minoritaires. 

Pour Frédéric Lordon, on ne se compromet pas avec les fachos. 

Mais c'est quoi un facho, quand on y réfléchit bien ? J'ose avancer qu'il s'agit d'une personne de gauche ou de droite ou du centre (démonstration par l'absurde) qui commet un passage à l'acte tels que cassage de gueule, matraquage, bombardement, viol, torture, meurtre, giflage, bizutage, stigmatisation, etc. à l'égard de toute opposition de pensée. Certes, là ou ça devient compliqué, c'est lorsqu'il s'agit de juger de tels passages à l'acte : terrorisme, résistance, légitime défense, ingérence, héroïsme, pathologie, éducation, volonté de puissance, etc. ? Oufti, on rentre dans des zones dangereuses pour un tas de gens :-) 

Les ateliers constituants, un rêve de bisounours ? Mise à part la perspective de mourir sous le feu d'un Etat aux abois, ce qui ne m'intéresse guère a priori, je ne vois pas d'autres alternatives que d'organiser d'abord notre puissance (notre Constitution) avant tout autre chose. Lorsque Chouard estime qu'un individu participant au  processus constituant connaît une véritable mutation, lorsqu'il estime que la participation de cet individu prime sur le contenu des articles qu'il rédige, cela ne revient-il pas à dire que la "révolution intérieure" doit précéder la révolution des institutions ? Autrement dit, une révolution, oui, mais d'abord se prendre en mains pour éviter d'être repris en mains. Nuit Debout, à qui confieras-tu ton destin ?

Bé oui, le plus dur, c'est qu'on aimerait voir tout ça se réaliser de notre vivant. Tout cela semble si éloigné alors que c'est peut-être tout proche. Tout tout proche. Et il paraît que la pensée agit sur la matière. 

Christophe